Gestion, protection et recommandations
Peu de mesures existent à l’échelle nationale et européenne pour la gestion et la protection des récifs à Sabellaria alveolata. Les « récifs » (« reefs », code 1170) sont listés en Annexe I de la Directive Habitat 92/43/CEE concernant la conservation des habitats naturels ainsi que des espèces de la faune et de la flore sauvages. A ce titre, par l’intermédiaire du réseau Natura 2000, ces bioconstructions devraient faire l’objet de Zones Spéciales de Conservation avec pour objectif d’empêcher, par des mesures contractuelles, réglementaires ou administratives appropriées, la détérioration de cet habitat naturel. Dans les fait, malgré le cadre européen existant, il n’existe pas d’application de cette directive et les formations récifales à S. alveolata ne font l’objet d’aucune mesure générale à l’échelle des côtes françaises. Au Royaume-Uni, la Directive Habitat a déclenché un plan d’action « Biodiversité » (UK Biodiversity Action Plan) dans lequel ces bioconstructions ont été cartographiées, référencées et sont actuellement suivies afin d’acquérir les connaissances manquantes à leur bonne préservation.
A un niveau régional ou local cependant, certaines mesures ont été prises afin d’informer les usagers et de protéger les récifs. Plusieurs communes ont mis en place des panneaux pédagogiques afin d’expliquer ce que sont les Hermelles, qui souffrent surtout de l’ignorance des pêcheurs à pied. Dans la baie du Mont-Saint-Michel, le plus grand récif d’Hermelles d’Europe est également un haut lieu de la pêche à pied où, lors des grandes marées, des milliers de personnes se rendent, en tracteur ou à pied, pour toutes sortes de pêche à pied.
Des arrêtés préfectoraux règlementent le nombre de personnes transportées ou la quantité de coquillages ramassés afin de protéger indirectement le récif. Un arrêté municipal mentionne néanmoins que le banc d'Hermelles en baie du Mont-Saint-Michel bénéficie d’un « classement en gisement coquillier qui réglemente la pêche à pied et interdit toute forme de dégradation et de destruction des récifs » (Article 7 de l’arrêté n° 247 de la D.R.A.M. de Rennes). Ce récif est pourtant particulièrement menacé et actuellement en mauvais état de santé. Un suivi de son état a été entrepris et un indice de bon état écologique a été proposé par les scientifiques qui constatent une dégradation des récifs de la baie du Mont-Saint-Michel. Les mesures législatives existent mais ne sont pas appliquées. Des mesures pédagogiques pourraient venir renforcer une action nécessaire de gestion de ce patrimoine biologique menacé à moyen terme. Enfin, une campagne cartographique, à l’instar de ce qui a été entrepris sur les côtes anglaises, semble une action indispensable à l’établissement d’un état de santé de référence de cet habitat remarquable des côtes françaises.